Fr: J’ai marché plus de 100 kilomètres juste pour voir un paysage différent…
Ce travail, « La boussole, Amiens » s’est structuré à travers une observation minutieuse et une réflexion constante portées sur une autre culture; une différence entre la mienne, chinoise, et celle française à laquelle j’appartiens depuis près de 4 ans. J’ai pu observer au quotidien une culture «locale» ; parallèlement la conscience de soi devient plus intense. Je me sens comme « déplacé » face à ce nouvel espace. C’est à cause des variations de culture et d’habitudes de vie que mon observation s’aiguise. J’ai une compréhension différente de l’environnement comparée à mes amis français. Cela me donne une vision différente pour scruter le territoire français.
Le choix de la boussole signifie que je pénètre dans un environnement inconnu, sans permission. Mes sens sont stimulés par le milieu environnant et j’utilise mon expérience pour essayer d’enregistrer tout ce qui m’intéresse. Par ailleurs, je réfléchis à la «notion d’existence humaine» : s’il n’y a pas de pouvoir surnaturel pour nous guider, alors certaines de nos croyances s’effondrent, faisant émerger l’essence absurde de la vie. Notre existence est comme une sorte d’interférence avec notre environnement primitif. Nous créons le succès, la richesse, le bonheur et la renommée afin de prouver la rationalité de la civilisation humaine. Évidemment, cette rationalité est réelle mais elle n’existe pas dans le monde primitif, c’est nous qui la créons. Avec cette nouvelle vision, nous pouvons réexaminer les notions d’ethnie, de culture, de parenté, de structure sociale, etc… Ils en deviennent passionnants, des choses normales produisent une nouvelle expérience esthétique.
J’ai choisi Amiens comme terrain d’exploration pour ce projet photographique car j’y vis depuis quatre ans. Je connais cette ville mais elle m’a fait m’est encore étrangère. Dans cette ville, je sais quel supermarché est le plus proche de moi, à quelle heure le bureau de poste sera ouvert et quels sont les bars à éviter et les meilleurs restaurants à fréquenter, mais il me semble encore n’avoir jamais quitté le chemin de ma vie. Il y a encore des endroits à Amiens que je n’ai pas exploré. Je n’ai pas eu non plus de grands liens avec les Amiénois, et je n’ai pas forcément compris leur culture locale. Alors longtemps il me semblait vivre dans un « vide culturel » et manquer des occasions. une relation individu / environnement et donc m’approcher des personnes par ce projet.
Je deviens parallèlement acteur et observateur.